Wanadoo contre attaque

[Meuh-meuh]

[Lu sur liberation.fr]

Haut débit des villes, haut débit des champs
Laminé par ses concurrents, Wanadoo prépare une offre record... seulement pour les zones urbanisées.

Par Catherine MAUSSION

De 70 % en début d'année, la part de marché de Wanadoo sur le haut débit est passée à 60 %. Et lors du dernier trimestre, il a laissé plus d'un nouveau client sur deux à ses concurrents.  

Jusqu'à présent Wanadoo a résisté à la tentation. Que l'abonné à l'Internet haut débit habite à Rodez ou sur les Champs-Elysées, il paie le même prix partout. Mais cela pourrait changer. Emboîtant le pas à quelques-uns de ses concurrents, Wanadoo se prépare à choyer les abonnés des grandes métropoles en leur concoctant des tarifs ADSL canon. Selon nos informations, Wanadoo s'apprête à lancer le 1er décembre une offre record à 30 euros pour 1 024 kilobits par seconde (kbps). Soit un tiers moins chère que l'offre classique pour le double de débit. Seul hic, cette faveur sera réservée aux zones denses. Ailleurs, le tarif du 1 024 kbps plafonnera toujours à 80 euros par mois. Et celui du 512 kbps à 45,42 euros par mois... Adieu donc la péréquation des tarifs. Et bonjour la fracture numérique.

Fossé.
C'est que Wanadoo est dans une position très inconfortable. La filiale de l'opérateur historique est laminée dans les grandes villes par ses concurrents. De 70 % en début d'année, sa part de marché sur le haut débit est passée à 60 % aujourd'hui. Et lors du dernier trimestre, elle a même laissé aux autres fournisseurs d'accès plus d'un nouveau client sur deux. Ses offres sont trop chères (lire tableau). Depuis que les opérateurs alternatifs ont installé leurs propres équipements dans les centraux de France Télécom - c'est le dégroupage -, ils fournissent, à un prix record, des lignes haut débit aux autres fournisseurs d'accès et in fine à leurs clients internautes. Wanadoo est logé à une autre enseigne : il achète son haut débit à France Télécom dont les prix, surveillés de très près par le régulateur, n'ont pas bougé depuis juillet 2002. De ce fait, un véritable fossé s'est creusé entre les offres de Wanadoo et celles, de plus en plus attractives, des Club-Internet, Télé 2, Free et autres 9 Télécom. Il est doublé aujourd'hui d'un second fossé entre les internautes des grandes villes - qui habitent dans les zones dégroupées - et qui ont droit souvent au double de débit pour le même prix, et les autres.

En début de semaine, France Télécom après plusieurs mois de négociations, a déposé auprès du régulateur, une nouvelle grille tarifaire pour ses offres de gros. L'ex-monopole réclame de pouvoir moduler ses tarifs en fonction de la densité de l'habitat. S'ils sont validés par l'Autorité de régulation des télécommunications (ART), ils ouvriront de facto la porte pour Wanadoo à des prix différents entre la ville et les champs. Mais hier matin, on faisait savoir du côté du régulateur qu'il était hors de question que l'opérateur historique obtienne un feu vert pour lancer des offres attractives avant Noël. Ce sera au mieux pour le début de 2004.

Tour de passe-passe.
Du coup, Wanadoo est tenté de brûler les étapes. Pour lancer son offre à prix cassé, sans braver trop ouvertement l'autorité du gendarme, Wanadoo compte utiliser un artifice, en basculant sur une offre de gros intermédiaire, et plus avantageuse pour lui (option 3). Cela promet une belle querelle juridique entre l'opérateur historique et le régulateur, si ce dernier conteste le tour de passe-passe. Déjà les relations entre les membres du collège et le PDG de France Télécom, sont extrêmement tendues. Venu en personne plaider ses nouveaux tarifs devant le régulateur, Thierry Breton, dont c'était la première visite depuis que le collège a été renouvelé en janvier, s'est lancé dans une violente diatribe : «C'était même très chaud, relate un membre de l'Autorité. Il nous a dit qu'il n'avait jamais vu un régulateur aussi rigide, ni aussi remonté contre un opérateur historique.» Hier, pour déminer le terrain, Thierry Breton s'est défendu de vouloir renforcer la discrimination entre ses clients. Il a même chargé la barque de ses concurrents, accusés d'avoir «pratiqué une véritable fracture numérique»... en choisissant de dégrouper «dans les grandes villes, et non à Romorantin, où nous sommes, nous».

Du côté des concurrents, on avale le reproche avec difficulté. Chez Free, on rappelle que «France Télécom a débuté sa couverture des villes en ADSL, deux ans avant nous, et qu'il a mis beaucoup de bâtons dans les roues à tout le monde». Et s'il est normal que Wanadoo puisse un jour baisser ses prix, «il ne faut pas que cela casse les efforts des nouveaux opérateurs qui ont beaucoup investi». De son côté, Stéphane Treppoz, le PDG d'AOL, se souvient que «Wanadoo avait triché en cassant ses prix il y a deux ou trois ans et que c'est normal qu'on le maintienne encore en quarantaine». Mais au-delà de la querelle, personne ne conteste le rôle de cette petite guerre dans l'envolée du marché : on comptait 1,5 million d'internautes haut débit à la fin 2002. Ils seront le double à Noël.

[Fyve]

Merci à toi pour l'article, masi comme il y a déja un post sur le sujet, je vérrouille celui-ci.

A+
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"Quand on m'en fait trop, je correctionne plus, je dynamite, je disperse, je ventile..." (Audiard)
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